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HISTRHONE, une base de données à fondement historique

Il y a plusieurs façons différentes, en histoire, d’aborder les situations critiques naturelles comme les crues et les inondations. Vu la multiplicité des situations humaines et des conjonctures naturelles qui se présentent sur une très longue période de sept siècles, il a paru nécessaire d’en établir d’abord l’inventaire le plus complet possible, dans les limites qu’imposent toujours l’archive, en prenant ce mot dans un sens générique : toutes les traces écrites encore lisibles et déchiffrables de ce passé.

La base HISTRHONE ne s’inscrit pas dans une mode de l’informatisation à tout va, mais bien dans cette volonté de rigueur préalable à toute analyse à visée tant soit peu objective. C’est en ayant sous les yeux le panorama des quelques 1500 événements bas rhodaniens patiemment recueillis, ainsi que du millier de sources diverses qui les sous-tendent, que chacun choisira ses pistes d’analyse à bon escient, qu’il soit administrateur, gestionnaire, scientifique ou riverain intéressé par ce vaste corpus. Les historiens qui l’entreprirent avaient une longue expérience, depuis leurs travaux de doctorats respectifs. L’opportunité d’une grande institution scientifique et de son personnel, le CEREGE en a permis la réalisation, avec le soutien des fonds européens et des institutions parties prenantes, avec la DREAL Rhône-Alpes, dans le cadre du Plan Rhône.
Pour tirer le meilleur profit de ce vaste ensemble, il est utile, en quelques mots, d’en définir le contenu. Tous les événements relevant de l’hydrologie et du climat, qui en déterminent l’évolution, depuis Orange jusqu’à la mer, ont été identifiés, transcrits, triés et répartis dans les différents modules de la base et de ses annexes :

  • Crues et inondations :un bon millier de crues ont pu être datées, décrites et documentées du XIVe au XXe siècle et, depuis 1816, soutenues par la saisie systématique des observations de hauteurs journalières à Beaucaire et à Arles. [1]
  • Glaces fluviales : Le relevé systématique des épisodes de glaces fluviales, l’aspect le plus surprenant, pour les témoins actuels du "Global Change" climatique, de la période dite du Petit Age Glaciaire et ses phases successives à hivers parfois mortels, par leurs suites, survenant souvent à répétition .
  • Sécheresses : La longue suite des années et des phases de sécheresses, accompagnées très souvent en Camargue de nuées de sauterelles.
  • Pluies importantes : Les pluies ont été mentionnées cas par cas avec les crues et font l’objet de descriptifs annuels.

Il a fallu aussi pondérer la gravité de ces événements, en particulier les crues, réparties en quatre groupes principaux, valables pour route l’étendue de la période étudiée, afin de pouvoir présenter une vue d’ensemble la plus homogène possible :

  • C1 : indiquant les gros Rhône, jusqu’aux Rhône pleins bords, impliquant tous une surveillance constante aux digues.
  • C2 : les débordements simples, sans gravité majeure ou bien localisés.
  • C3 : les crues et inondations de gravité dite intermédiaire, comprenant une gamme assez vaste entre les catégories précédentes et suivantes, mais ayant un caractère destructeur.
  • C4 : les crues extrêmes qui envahissent les vastes plaines du bas Rhône, pénètrent au sein des villes, détruisent ou dégradent en grand nombre digues, ponts, routes, champs et cultures, voire font des victimes nombreuses dans les cheptels et même parmi les humains.
    Bien entendu, les diverses options de la base permettent ensuite d’individualiser chacune des crues, au-delà de ces catégorisations utiles mais forcément sommaires. Une chronologie déroulante synthétique, de plus en plus détaillée vers les périodes moderne et contemporaine, permet d’acquérir une vue rapide de la conjoncture de telle ou telle année et des événements saisonniers et mensuels qui se sont produits. La base elle-même permettant des regroupements individualisés à la demande : telle commune, tel groupe d’années, tels types de crues ou de dommages, etc., même s’il faut s’attendre à ce que les réponses n’aient pas la même richesse de contenu au Moyen Age qu’aux époques d’abondante documentation, souvent même pléthorique, exigeant donc d’opérer des choix plus restrictifs.

Au-delà de ces utilisations dont on ne donne qu’une faible idée, il a paru indispensable de dresser, dans un livre d’accompagnement, un panorama articulé ou si l’on veut, une vue synoptique, à la fois des sources (dont le détail est accessible dans la base), de leur critique et des perspectives ouvertes par les premiers résultats que les auteurs soussignés ont pu en tirer comme contribution à une histoire hydro-climatique. Par la suite, bien d’autres perspectives s’ouvriront, sur les aspects humains et matériels des risques et des catastrophes, sur les phénomènes d’angoisse collective puis d’oubli, si fréquents dans ces sortes d’aléas. Sur les réponses aussi collectives ou techniques et politiques. Ce devrait être la fonction de toute base de données.


Marseille – Toulouse, Le 25 mai 2013,
Georges Pichard Emeline Roucaute


[1] Les dossiers sur les dégâts les plus récents (particuliers ou entreprises, seconde moitié du XXe siècle) n’ont pas fait l’objet de versement dans les archives publiques où leur accès est soumis à un délai de consultation par la loi.

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